Déracinée – Partir vivre à l’étranger

par | sur la route pour enseigner l'ambition aux enfants

Partir vivre à l’étranger. C’est à la fois galvanisant, troublant, excitant et terrorisant.

Le principes du déracinement

Lorsqu’on part en voyage, on arrête le temps. On fait une pause plus ou moins longue, parfois même d’un temps indéfini. On part découvrir d’autres façons de vivre.  On peut les essayer ou non. Parfois, on préfère retrouver nos habitudes à l’étranger. On choisit quelle facette de notre vie va changer le temps du voyage: la température, le temps libre et même le statut économique (lorsqu’on va la où note argent vaut de l’or)… Parfois aussi, on est des spectateurs en voyage : on voyage pour voir. L’accent est mis sur la visite de lieux, l’itinéraire est conçu de façon visuel. On ramène beaucoup de photo! On goûte, on écoute. On s’ouvre au monde en restant dans le moment présent mais en étant spectateur de ce monde. En s’y trempant que le bout du pied. Nos racines sont restés chez nous.

Je suis très kinesthésique. J’apprends en vivant, par le corps. La différence entre voyager et vivre un moment à l’étranger, c’est qu’on accepte de s’enraciner ailleurs même de façon éphémère, pour voir comment ça change notre expérience de la vie, dans le corps. On ressent les changements culturels. 

J’ai vécu 2 ans à Paris à 25 ans et maintenant j’entame 1 ans à Stuttgart en Allemagne avec ma famille. C’est à la fois dans les expériences les plus riches et les plus difficiles que j’ai fait. Parce que ça touche intrinsèquement notre schéma de penser, de vivre et d’être. Notre être est le même partout, mais il est influencé par son environnement. Nous sommes conditionnées par notre société, notre famille, nos voisins… Et partir vivre à l’étranger permet de lever le voile sur ces programmations. 

Ici, je me rends compte à quelle point les sourires et les bonjour aux inconnus sur ma route me sont précieux au Québec. Comment nous sommes tout en couleurs et extravertis, comment mon Québec a un tempérament artistique et chaotique. Par contraste, je vois à quelle point, ici, tout est en ordre et à sa place. Les choses sont bien pensés, tout est bien prévu. Il y a des rampes ou des ascenseurs partout pour les handicapés, les transports en commun sont à l’heure, il ne semble pas avoir d’itinérant ou très peu, pas de pauvreté apparente, pas de saleté ni de chose qui trainent dans les rues. Dans mon coeur, ça manque de chaos, d’improvisation, de flou… Et je me rappelle que je n’arrêtais pas de me dire que je voulais travailler ma discipline personnelle avant le départ. 

C’est si banale mais c’est troublant au quotidien. Lorsque je trouve rude le fait que personne ne m’aide lorsque je monte ma poussette ou que personne ne se sourit, je focus sur la différence, ce qui me manque. Alors je tente de me parler fort fort: « qu’est-ce qui est bien là-dedans? » Tout est fait pour que tu puisses rouler partout ta poussette sans demander de l’aide!! Fais le détour de quelques minutes pour prendre l’ascenseur et profites du calme du métro pour méditer! Ce qui me semblait être une attaque à ma façon de vivre est une occasion d’apprendre, si je m’en donne la peine. Mais c’est une lutte de tout les instants. 

Et puis mon coeur bat très fort pour tout les immigrants. 

Ceux qui sont déracinés par la guerre, qui doivent tellement souhaiter retrouver leur culture, leur famille, leur vie. 

Ceux qui sont partis de chez eux pour leurs idées et qui doivent vivre loin pour être intègres à leurs valeurs. 

Ceux qui ont suivis leur famille. 

Ceux qui ont trouvé l’amour ailleurs. 

Une partie d’eux même est resté forcément là-bas, dans leur berceau. 

Aujourd’hui, j’ai de l’empathie pour toutes ces populations déplacées qui ont espoir de refaire des racines ailleurs. Aujourd’hui j’ose à peine m’imaginer comment ça doit être difficile au quotidien. 

Je souhaite à tous le monde de vivre un jour un déracinement passager pour voir ce que leur terre leur a apporté.

Une famille sur la route

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