Le temps. D’une importance capitale pour moi. Depuis toujours. Le temps a une place primordiale dans ma vie. Je le vénère. Mes années d’artiste-travailleur-autonome m’ont fait découvrir sa beauté. Je connais la chance d’une balade en après-midi parce qu’il fait beau, d’un brunch improvisé avec des amis, d’une grasse matinée avec son amoureux en pleine semaine, de pouvoir garder ses enfants à la maison car on est un peu fatigué, d’aller les chercher très tôt car on en a envie. C’est dans ses moments que le temps a pris pour moi toute sa valeur, car il représente ma vision de la vie, du moment présent, de ma relation aux autres, il y aura toujours de la place pour ces moments dans ma vie.

Je suis une cigale.

Mais ma société de fourmi va tellement vite. Il faut travailler, gagner sa vie, faire quelque chose. On se le fait demander tellement souvent : « Qu’est-ce que tu fais dans la vie? ». Lorsque nous avons décidé de partir un an à l’étranger pour la maitrise de mon amoureux (voir la section du blog Une famille sur la route), c’était pour certains la grande question: «Mais toi là-bas, qu’est-ce que tu vas faire? » Comme si m’occuper de mes 3 enfants et découvrir un nouveau pays n’était pas assez, je répondais: « J’ai pris 2 cours à l’université à distance et j’ai mon entreprise en ligne. Si j’arrive à avoir du temps pour moi, je vais pouvoir faire ça! »

Faire. Une autre de mes grandes passions. Réaliser des choses, créer, apprendre, transformer, me dépasser… J’ai toujours eu beaucoup de projets: des compagnies de théâtre, partir vivre en France, retourner aux études, peindre, tricoter, apprendre à cuisiner, changer mon alimentation, faire des enfants, lire sur la maternité, me questionner, jouer, apprendre, les promener, profiter, les bercer, les allaiter, étudier, faire des boites, déménager, allaiter, déménager, rénover, … 

Lorsque Arthur est né j’ai commencé à avoir peur de ne plus jamais faire quelque chose de ma vie car j’étais devenu mère. J’osais à peine me l’avouer car j’adorais mon enfant et j’adorais être une maman, mais pas très loin dans mon inconscient une petite voix criait : « Et si ma carrière s’éteignait, et si je n’arrivais plus jamais à créer, et si je m’oubliais complètement dans mon enfant, et si je me rendais compte à 40 ans que je n’avais rien fait pour moi et si ça ne levait jamais mes affaires parce que je n’y mets plus assez de coeur… » Alors je me suis mise à jongler entre le temps et le « faire ». Trouver un équilibre fut ma quête. Vite il faut que je crée quelque chose, vite il faut que je profite du temps avec mes enfants. Vite, le temps passe. Créé des bulles de temps de qualité et faire, faire, faire.  J’ai toujours cru qu’on se définissait par ce qu’on faisait. Que nous étions nos actions. Jusqu’à ce que je fasse un burn out. Je trouvais tellement absurde d’être une artiste en burn out. Je n’avais pas de patron qui me retenait, pas de salaire, rien. Juste mes croyances, mes visions qui m’avaient portés jusque là. Le faire et l’importance que je lui accordais!!! Je n’arrivais pas à DEVENIR ce que je voulais FAIRE.

Une grande remise en question s’en est suivi, j’ai cherché pendant des années un autre chemin. C’était il y a 5 ans. Et puis j’ai lu quelque part : « Vous n’êtes pas ce que vous faites. » Ça m’a marqué. 

Avant de partir pour l’Allemagne, nous nous sommes arrêté dans une libraire. On a chacun pris un livre de voyage. J’ai trouvé « Le pouvoir du moment présent » d’Eckart Tollé. Par chance (est-ce vraiment de la chance?) j’ai trouvé ce livre avant le départ. Je serais morte, égorgé par mon égo, cette petite voix fatigante et mon envie de faire!!! Car ici, dans notre vie allemande, je ne peux pas être dans le « faire ». Les enfants ont de l’école de 8h à 12h30 et l’école est à 30 minutes de mon appartement. Mes journées consistent à être avec la 3e et faire un peu de ménage puis aller chercher les 2 autres et revenir faire le souper. Comme Axelle est toute petite, j’ai parfois de la difficulté à trouver 5 minutes pour moi.

Le pouvoir du moment présent. Je ne suis pas ce que je fais; je suis.

Dans ce livre, il est écrit : « Demandez-vous s’il y a de la joie, de l’aisance et de la légèrté dans ce que vous entreprenez. S’il y en a pas, c’est que le temps a pris le dessus, que le moment présent est passé à l’arrière-plan et que la vie est perçue comme un fardeau ou un combat. »

Je suis tellement souvent dans le futur! J’aime le temps et j’aime beaucoup « faire ». Je sais toujours quel chemin sera le plus efficace pour pouvoir en faire plus et pour pouvoir avoir plus de temps. J’impose à tout ce que je fais des projections dans le futur. Lorsque je projette les réussites de mes projets, de ma carrière, orsque j’essaie de coucher mon bébé car je veux aller faire autre chose, lorsque le plaisir de créer laisse la place à l’envie de performer, de réussir, de me démarquer. Lorsque je veux « faire » pour être, pour devenir. 

Mon burn out est né dans le futur. Parce que je n’arrivais pas à atteindre mes attentes que je m’étais projeté. Parce que je m’étais imaginé les résultats de mes actions alors que j’ai aucun pouvoir sur cela. « Mais les objectifs!!!? C’est important si on veut créer et faire quelque chose! » Projeter un objectif oui, mais seulement un qu’on peut réaliser soit même et l’accomplir dans le présent, de moment présent en moment présent. Une promotion, un succès, un statut social ça ne peut être un objectif car ça ne s’accomplit par soi-même. C’est un résultat qu’on ne contrôle pas.  

Je m’assois pour écrire cette article pendant la sieste de mon bébé et je le fais pour le plaisir. Je ne sais pas combien vous serez à le lire et si ça vous plaira mais moi ça me plait. 

Je suis une cigale. Je l’ai toujours préféré, pour moi elle a compris le moment présent, elle vit et crée. La fourmi m’a toujours paru au-dessus de ses affaires, comme si elle trouvait qu’elle avait raison, que le travail, la raison, les objectifs, la planification était LA voie. Si elle avait été dans le moment présent, est-ce qu’elle n’aurait pas profité de la voix de la cigale? Est-ce qu’elle aurait vraiment envoyé promener la cigale? Je pense que si elle travaille dans le moment présent, dans la joie, elle aurait accueilli la cigale. Aujourd’hui je veux être la cigale ET la fourmi. 

En fait non! J’ai toujours détesté cette fable. Je crois que les insectes et les animaux sont bien meilleurs que nous pour être dans le moment présent et faire ce qu’ils ont à faire sans projection et sans remords. 

Rejoignez notre groupe facebook

Pour suivre notre famille sur la route

%d blogueurs aiment cette page :