Ambivalence maternelle
Ma cocotte, tu devrais être dans ce monde incessamment. La date prévue de ton arrivée c’est demain. Si tu savais tout ce que 279 jours m’ont appris. Ce qui est beau de la grossesse, c’est que c’est inconnu pour chaque individu, même pour celles qui en ont 10 ou pour les spécialistes du domaine périnatal. Chaque développement d’humain est unique, même s’il est prédictible selon des applications, des revues et des livres, il reste unique. Chaque évolution est différente et change à sa façon le système entier. On peut se préparer comme on peut à chaque éventualité, lire le maximum de livres sur le sujet, mais ce qui est concret c’est tes petits mouvements dans mon ventre qui grossit jour après jour. C’est étrange pour une personne normalement en contrôle et assez perfectionniste de ne pas pouvoir agir ou voir ce qui se passe
à l’intérieur de soi-même. C’est une transformation. Un changement incontrôlable qui s’immisce dans chaque cellule du corps et de l’âme. L’apprentissage que tout peut arriver, à n’importe quel moment et que tout sera OK.
Il y a quelques semaines, j’ai eu des doutes, la frousse de ton arrivée. L’incertitude que ton papa et moi étions prêt. Et pourtant, si tu savais à quel point nous t’attendons. Toutefois, cette crainte d’être officiellement ta mère, d’avoir concrètement mis au monde un enfant. Avoir le rôle de prendre soin de toi et de t’élever jusqu’à ta maturité. J’ai eu peur. J’avais l’impression d’être prête entièrement à ta venue, toutefois, tout ce que j’ai trouvé à faire c’est de me rouler en boule sur le lit en pleurant d’anxiété et en voulant me cacher dans le fond d’un placard en souhaitant appuyer sur pause, juste un instant. Heureusement, ton père était là. Tu vas le rencontrer bientôt. Il est vraiment super. Lui, il n’était pas stressé. Il savait que ça allait bien allez. Que tu n’étais pas tout à fait prête à sortir. On avait encore quelques semaines pour que je puisse m’ajuster corps et âme à ce nouveau rôle. Mon giga tsunamis de doutes, d’inquiétudes et de peur d’être devant toi, petit être humain et d’en avoir la responsabilité tout entière ne lui ont pas fait peur à lui !
Bientôt, tu vas sortir de ton cocon, tu te sépareras de moi et tu découvriras à ton rythme le monde dans lequel tu évolueras. Tu vas rencontrer des humains formidables qui t’attendent avec tellement d’impatience ! Et je ne te parle pas juste de ta maman et de ton papa mais bien du réseau entier qui gravite autour d’eux. Nous sommes vraiment choyés de s’être rencontré dans ce monde parfois un peu chaotique.
Bientôt, c’est le point où tout commencera pour notre famille. On va apprendre à s’apprivoiser. On va se découvrir. Tout pourra arriver, à n’importe quel moment et ce sera OK. Parce que nous sommes prêts à t’accueillir et à nous accepter comme nouveaux parents.